La danse Kpadja, fierté du patrimoine kabiyè et vitrine de SotoubouaÂ

Le groupe Kpadja Sondè Biya, originaire de Sotouboua, s’apprête à vivre un moment historique. Pour la première fois, il représentera la Région Centrale au Festival National des Arts et de la Culture (FESNAD), le 26 avril 2025 au CETEF de Lomé. Cette consécration, obtenue après leur victoire à la compétition régionale de Sokodé, offre une occasion idéale de découvrir la richesse de la danse Kpadja et de valoriser le patrimoine culturel de Sotouboua et de la Région Centrale au Togo.
La danse Kpadja : entre tradition et symbolisme
Née au cœur du pays kabiyè, la danse Kpadja incarne bien plus qu’un simple spectacle. Ses origines remontent à des siècles, mêlant résistance face à l’oppression coloniale et célébrations de victoires communautaires. Aujourd’hui, elle se pratique lors d’événements marquants : mariages, récoltes abondantes, intronisations de chefs ou rites d’initiation. Les danseurs, vêtus de pagnes traditionnels « kente » aux motifs vibrants et de colliers de perles, exécutent des pas dynamiques, ponctués de rotations rapides et de frappes de pieds rythmées.
Les percussions, jouées sur des tambours « djembe » et des instruments locaux comme le « agrima », soulignent chaque mouvement. Les chants polyphoniques, souvent improvisés, relatent des épopées historiques ou des leçons de vie. « Le Kpadja, c’est notre mémoire en mouvement. Chaque geste raconte la force de nos ancêtres…», explique Claude N’Tale, encadreur du groupe Kpadja Sondè Biya.
Une fonction sociale essentielle Â
Au-delà de son aspect artistique, le Kpadja renforce la cohésion sociale. Lors des cérémonies, jeunes et anciens se rassemblent, créant un dialogue intergénérationnel. La danse transmet des valeurs clés comme le courage, le respect des aînés et la solidarité. Elle sert également de canal de résilience, notamment dans les périodes difficiles, rappelant aux communautés leur capacité à surmonter les épreuves.
Sotouboua et la Région Centrale : un trésor culturel à explorer
Sotouboua, préfecture située à environ 300 km au nord de Lomé, se positionne comme un pilier de la culture kabiyè. Connue pour ses paysages de collines verdoyantes et ses marchés animés comme celui de Sotouboua commune ou mieux de Sessaro…, elle séduit également par son patrimoine immatériel. Outre le Kpadja, la région cultive des danses comme le « Gadao », une danse guerrière aux mouvements saccadés, ou « Adossa », cérémonie dédiée aux forgerons, symbole de la maîtrise du feu et du métal.
La Région Centrale, dont Sokodé est le chef-lieu, s’impose comme un carrefour multiculturel. Peuplée de Tem, Moba et Kabiyè…, elle abrite des traditions variées. Le Festival Evala, célébré à Kozah, marque par exemple l’initiation des jeunes filles par des danses endiablées. À Tchaoudjo, Gadao et Adossa enchante avec ses mélodies de balafons, tandis qu’à Tchamba, l’on se régale de beaux arts artistiques et culturelles en plus..
Un patrimoine préservé, une économie en devenir
Les autorités locales, conscientes de la richesse de leur héritage, multiplient les initiatives. Le Musée Régional de Sokodé expose ainsi des masques rituels, des instruments anciens et des archives photographiques. Des ateliers intergénérationnels, soutenus par des associations et ONG forment les jeunes aux danses et à l’artisanat (poterie, tissage, sculpture). Par ailleurs, le tourisme culturel commence à émerger, attirant des visiteurs curieux de découvrir les chutes de Soudoukou dans la préfecture de Mô ou les ateliers de tisserands de Sokodé, la poterie de Kaniamboua dans la commune Sotouboua 1. C’est sans compter, la mythique site de la rivière des esclaves (Yomaboua) dans la commune de Sotouboua 3.
FESNAD 2025 : une plateforme pour l’excellence rurale Â
Le FESNAD, créé en 2005, reste l’événement culturel le plus attendu du Togo. En accueillant des groupes comme Kpadja Sondè Biya, il brise les clichés sur les régions rurales, souvent perçues comme marginalisées. Pour Sotouboua, cette participation est une victoire. «Danser à Lomé, c’est montrer que nos traditions ne sont pas figées. Elles inspirent et évoluent », souligne Claude N’Tale.
Le groupe a modernisé ses chorégraphies pour l’occasion, intégrant des éléments contemporains sans altérer l’essence du Kpadja. Cette approche attire un public jeune et positionne la danse comme un art vivant. Sur le plan économique, l’exposition nationale pourrait dynamiser le tourisme local et ouvrir des partenariats avec des institutions comme le Ministère de la Culture, UEMOA ou l’UNESCO.
Défis et stratégies pour l’avenirÂ
Malgré son dynamisme, la transmission du Kpadja fait face à des obstacles. L’exode rural prive les villages de leur jeunesse, tandis que la globalisation impose des modèles culturels étrangers. Pour y répondre, des solutions émergent :  – Des écoles locales peuvent intègrer désormais des cours de danses traditionnelles.
– Des documentaires et plateformes numériques (YouTube, Instagram) doivent archiver et diffuser les performances.
– Les festivals régionaux, comme celui de Sokodé, Fesnad… servent de tremplins pour les talents émergents.
Le Kpadja, une danse qui porte l’espoir
À l’aube de leur prestation au FESNAD, Kpadja Sondè Biya incarne bien plus qu’un groupe de danse : il symbolise la résilience d’une région et la vitalité d’un patrimoine. La Région Centrale, grâce à ses traditions et à ses paysages, mérite d’être reconnue comme un pôle culturel incontournable du Togo. À travers le Kpadja, Sotouboua rappelle que la culture rurale n’est pas un vestige du passé, mais une force capable de nourrir l’avenir.
Le Sage